A l'occasion de la Journée de la Commémoration de la Shoah (jeudi 2 mai 2019), l'entrepreneur et milliardaire israélien Mati Kochavi, descendant de rescapés de l'Holocauste, et sa fille Maya ont eu l'idée, en partenariat avec l'agence Leo Burnett Israël, de raconter la vie d'une adolescente juive pendant la Shoah, en transposant ses journaux intimes en stories Instagram. Un projet qui a remporté l'adhésion du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
Parmi une trentaine de journaux personnels d'enfants ayant vécu pendant la Seconde Guerre mondiale, c'est celui de la jeune Eva Heyman (sur la photographie ci-dessus) qui a retenu l'attention. Née en 1931 à Oredea, en Roumanie, Eva vit chez ses grands-parents depuis le divorce de ses parents. Le 13 février 1944, à l'occasion de son 13e anniversaire, celle qui reçoit sa première paire de talons en cadeau et qui rêve de devenir photojournaliste à Londres, entame l'écriture de son journal. De l'insouciance de sa jeunesse à l'horreur des camps à Auschwitz, où le train 1204 la mène en juin 44, les stories déroulent son quotidien.
Avec 3 semaines de tournage à Kiev, plusieurs millions de dollars, plus de 300 figurants, et un immense panneau publicitaire à Tel-Aviv, le projet (avec en vedette la jeune actrice britannique Mia Quiney) a de quoi interroger la pudeur quand on sait que Eva Heyman sera sélectionnée par le Dr Josef Mengele pour être l'objet d'expérimentations, jusqu'à ce qu'il la découvre les pieds gonflés - probablement pour avoir contracté le typhus - et ne l'expédie lui-même à la chambre à gaz où elle meurt le 17 octobre 1944. Au moins autant que pour La Liste de Schindler de Steven Spielberg, qui a vulgarisé les détails de l'Holocauste auprès d'un large public pas toujours au fait sur ce sujet, se défendent notamment père et fille. Entretien Mati et Maya Kochavi.
L'idée de raconter l'Histoire sur les réseaux sociaux n'est pas neuve mais, quoique elle soit aussi sujet à polémique ("Un compte Instagram fictif d'une fille assassinée dans l'Holocauste n'est ni ne peut être un moyen légitime" d'éduquer les jeunes sur la Shoah, soutient Yuval Mendelson, professeur d'Education Civique et musicien, qui n'y voit là qu'une "démonstration de mauvais goût"), elle a le mérite de sensibiliser les élèves plus accros à leur téléphone portable qu'à n'importe quelle autre forme de médiation culturelle et perpétuer le devoir de mémoire.
L'Histoire s'était déjà racontée à travers les nouvelles technologies : le personnage fictif Léon Vivien, jeune instituteur français et poilu jeté dans la boue des tranchées narrant son quotidien sur Facebook14 (tel que l'ont imaginé le Musée de la Grande Guerre de Meaux et l'agence DDB Paris, sur la base de la documentation du musée et avec la caution de l'historien Jean-Pierre Verney) ; le Titanic tweetant sa dernière traversée à l'occasion du centenaire du naufrage (grâce à un éditeur britannique) ; comme la Seconde Guerre mondiale se déployant événement par événement, tweet par tweet (grâce au jeune passionné d'Histoire Alwyn Collinson) ou encore le Débarquement à Omaha Beach sous le point de vue du GI Louis Castel, français de 24 ans engagé dans la 29e division de l'armée américaine (imaginé par le Mémorial de Caen, avec leurs historiens spécialistes de la bataille de Normandie, mais inspiré par l'histoire vraie de Bernard Dargols).
©
EstherProfesseur
#Histoire
#intérêtpédagogiquedesRS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire