lundi 30 septembre 2019

Papiers, s'il vous plaît !




Si l'on demandait à notre petit blondinet, aux braies rouges, glaive au flanc gauche, et casque ailé sur la tête de décliner son identité, il vous répondrait qu'il est le personnage Astérix. C'est sa nature.

Quant à ses fonctions (ses emplois, ses métiers), il est autant le "petibonum" de M. Goscinny, c'est-à-dire le produit de l'imagination du scénariste, incarné par les traits d'un dessinateur (Uderzo) que l'ami d'Obélix ou le célèbre guerrier d'un village peuplé d'irréductibles Gaulois ou un people dans Lutèce Match. Autrement dit, sa fonction dépend de son environnement.


samedi 21 septembre 2019

Il était une fois une marchande de foie...

Qui n'a pas entendu, dans sa prime enfance, cette comptine  ?

Il était une fois,
Une marchande de foie,
Qui vendait du foie
Dans la ville de Foix.
Elle se dit : "Ma foi,
C'est la dernière fois
Que je vends du foie
Dans la ville de Foix."


mardi 3 septembre 2019

Retour au collège 2019-2020

Année scolaire 2019-2020, Jour 1.


Sans céder à la mode des "Back to school", je partage à l'intention des collègues et mets à disposition de mes élèves cette présentation (prévoir 3h), dans laquelle il faut intercaler le remplissage du carnet de correspondance et la distribution de l'Emploi Du Temps... entre autres rituels de début d'année scolaire.

© EstherProfesseur

#EPS #SciencesdelaVie #Français

jeudi 18 juillet 2019

Jouer perso.

Lundi 26 novembre 2018, 15h15 à 16h10 (S3), en salle 139.


Le premier devoir de grammaire de l'année de 3ème portait sur les niveaux de langue, les types et les formes de phrase et enfin, par extension voix active et voix passive. Pour des notions aussi élémentaires, relevant de la révision, je ne m'attendais pas à ce que les résultats soient aussi désastreux. Dans un accès de bonté, exception faite des niveaux de langue, je planifie un nouveau contrôle, sur les mêmes notions de telle sorte que les élèves apprenant aussi de leurs erreurs puissent obtenir une bien meilleure note et que par voie de conséquence, ils entament cette année décisive, leur confiance en eux regonflée.

mercredi 17 juillet 2019

Wech, M'sieur le Président ?

- "Ça va, Manu ?
- Non, ça, tu ne peux pas. Non, non, non, non.
- Désolé, Monsieur le Président.
- Tu es là, dans une cérémonie officielle, tu te comportes comme il faut. Tu peux faire l'imbécile mais aujourd'hui, c'est la Marseillaise et le Chant des partisans, tu m'appelles Monsieur le Président de la République ou Monsieur !"


Maîtriser les niveaux de langue, c'est pouvoir s'adapter à son destinataire. Et on ne s'adresse pas à son patron, comme à son pote ! En effet, les niveaux de langue varient selon les circonstances, la personne qui parle, l'interlocuteur, le type d'écrit et l'effet recherché. Le niveau de langue répond toujours à une intention : caractériser un personnage, situer l'intrigue dans un milieu particulier, le niveau de langue est un marqueur social fort.

mardi 16 juillet 2019

Oui, j'ai mon brevet !

Jeudi 11 juillet 2019, aux alentours de 17h-18h.


Une année de travail, deux jours d'épreuves, un instant pour la sentence "Admis ? Admis avec mention ? Refusé ?", une seconde pour que le visage du candidat - ne parlons plus d'élève, la 3ème est finie, ils quittent le collège - s'éclaire d'un "Oui, j'ai mon brevet !" ou s'assombrisse de désolation...

samedi 18 mai 2019

C'est l'heure de manger les enfants : avec ou sans ponctuation ?



La ponctuation est à la phrase, ce que les silences sont à la musique.

mercredi 8 mai 2019

If... de Rudyard Kipling.

"Tu seras un homme, mon fils..."

Quel parent n'a jamais désiré que le meilleur pour son enfant ou quel enfant n'a jamais eu l'ambition de faire la fierté de ses parents ?


Dédié à son fils John, alors âgé de 12 ans, le poème "If..." de Rudyard Kipling, également père de plume de Mowgli (Le Livre de la jungle), a été composé en 1909 et a paru en 1910 dans le recueil de nouvelles Rewards and Fairies (Le Retour de Puck, trad. de S et J. Vallette)

Si tu peux être en paix quand les autres s'affolent
Et disent que c'est ta faute s'ils ont perdu la tête ;
Si tu restes confiant quand on te met en doute,
Mais laisses malgré tout les doutes s'exprimer ;

Si tu peux attendre sans maudire l'attente,
Ou être calomnié sans céder au mensonge,
Ou être détesté sans sombrer dans la haine,
Mais sans fanfaronner ni donner de leçons :

Si tu peux rêvasser - sans qu'un rêve t'emporte ;
Si tu peux réfléchir - sans t'aveugler d'idées ;
Si tu peux accueillir Triomphe et Catastrophe
Et traiter ces menteurs en toute égalité ;

Si tu peux supporter d'entendre tes mots justes
Faussés par des méchants  pour tromper des idiots,
Ou en voyant détruit le travail de ta vie,
Prendre tes vieux outils pour tout recommencer ;

Si tu peux rassembler tous tes biens en un tas
Et tout miser d'un coup au jeu de pile ou face,
Et perdre, et repartir depuis le tout début,
Sans jamais souffler mot de la perte subie ;

Si tu peux obliger force, cœur et courage
A rester sous tes ordres même quand ils ont fui,
Si tu peux tenir bon quand tu n'as plus rien d'autre
Que cette volonté qui leur crie "Tenez bon !"

Si tu peux parler aux foules sans perdre ta vertu
Ou vivre auprès des rois avec les pieds sur terre,
Si l'ennemi ne peut te blesser, ni l'ami,
Si tous comptent à tes yeux, mais aucun sans mesure ;

Si dans chaque minute qui passe, assassine,
Tu sais voir la valeur des soixante secondes,
Alors la Terre sera tienne, avec tout ce qu'elle porte,
Et mieux encore : tu seras un homme, mon fils !


Poème éducatif, qui exprime la confiance et le désir d'accomplissement d'un père à son fils, "If..." porte aussi la marque d'un sentiment paternel très fort. John grandit dans l'ombre d'une aînée décédée, puisque Rudyard et Carrie Kipling perdent leur première fille, âgée de 6 ans, des suites d'une maladie foudroyante. Leur famille s'en trouve marquée pour toujours et plus unie que jamais. Elsie et John Kipling grandissent auprès d'un père disponible, qui les choie. Mais il attend aussi beaucoup d'eux, en particulier de John. Fasciné par la vie militaire, Kipling souhaite que son fils embrasse la carrière dans la Marine dont il rêvait. Dès ses 14 ans, il l'envoie en pension militaire, où il lui rend visite le plus souvent possible. Malheureusement, John a hérité de la myopie de son père, ce qui semble lui interdire de devenir marin ou soldat. En août 1914, l'Angleterre déclare la guerre à l'Allemagne et, John, à 17 ans, brûle de s'engager. Fort de sa célébrité, son père sollicite le commandement d'un régiment des Irish Guards, et dès mi-septembre, John intègre pourtant l'armée. Ce jeune homme "sans réel talent" (comme l'écrit un biographe de Kipling) fait preuve d'une immense bravoure au cours de la bataille de Loos, menant son bataillon avec sang-froid avant de périr sous le feu ennemi.



La plus célèbre traduction française du poème "If...", réalisée par André Maurois, en 1918, est une véritable réinterprétation du poème, toute imprégnée de la culture et de la sensibilité de l'époque. 

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être qu'un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.


#HIDA #Histoire #Anglais
#motivation

samedi 4 mai 2019

L'Histoire via les RS.

A l'occasion de la Journée de la Commémoration de la Shoah (jeudi 2 mai 2019), l'entrepreneur et milliardaire israélien Mati Kochavi, descendant de rescapés de l'Holocauste, et sa fille Maya ont eu l'idée, en partenariat avec l'agence Leo Burnett Israël, de raconter la vie d'une adolescente juive pendant la Shoah, en transposant ses journaux intimes en stories Instagram. Un projet qui a remporté l'adhésion du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.



Apprendre en chansons.

"Quand j'étais petit garçon / Je repassais mes leçons / En chantant..." fredonne Michel Sardou depuis 1978. Qu'à cela ne tienne, l'idée se pérennise.

Radouane Abassi, nom de rappeur Issaba, est professeur de Mathématiques en banlieue parisienne. Il chante le théorème et réconcilie les élèves avec Pythagore. Témoignage de Mr Abassi, professeur de Mathématiques.

Je vous invite à vous rendre sur la Chaîne YT de Great Teacher Issaba



Instant promo (non sponsorisé) : légitimée par les sciences cognitives, l'idée fait des émules, Soprano et Joey Starr en tête. Studytracks est une application disponible sur Google Play et l'App Store qui propose des fiches de révision en musique, du Brevet des collèges au BAC.


© EstherProfesseur

#Musique #Mathématiques #DNB

lundi 22 avril 2019

Le fantastique dans Gallows.

Dans le cadre d'une séquence portant sur le fantastique, l'analyse filmique de Gallows, film américain sorti le 22 juillet 2015 et réalisé par Travis Cluff (que l'on aperçoit en professeur de théâtre, Mr Schwendiman) et Chris Lofing, permet de mettre en évidence une technique cinématographique qui a fait école depuis le Projet Blair Witch (1999), à savoir le found footage, et d'en analyser les effets.



jeudi 4 avril 2019

Soutenir un projet au DNB.

Genially est une application en ligne (dont tu peux te saisir pour concevoir ton support d'oral) qui consiste à rendre des présentations interactives au moyen de puces derrière lesquelles se cachent des ressources. Pour les révéler, je t'encourage à cliquer sur la "main" en haut à droite des diapositives.



https://www.education.gouv.fr/cid2619/le-diplome-national-du-brevet.html




Carte mentale

Clique sur l'image ci-dessous pour accéder directement aux fiches d'aide.




© EstherProfesseur

#OralDNB #HIDA #EPI #ParcoursEducatifs

mercredi 27 mars 2019

L'analyse filmique : les mots pour le dire.

Un site incontournable pour s'approprier le vocabulaire de l'analyse filmique. Et comme rien ne vaut mieux que l'apprentissage par l'exemple, le site est enrichi d'extraits de film pour lier théorie et pratique. 



#classeinversée #HIDA #OptionCinéma

jeudi 14 mars 2019

Histoires de chips et d'honneur.

Mercredi 16 janvier 2019, 10h40 à 11h35 (M3), en salle 139.


La classe de 3ème E entre en salle 139. Chaque élève rejoint sa place et attend le signal pour s'asseoir. Ils sont sensiblement agités aussi, je les fais patienter. En dépit de cela, son sac ouvert sur sa table, Taïra déguste ses chips. Je lui signale que son attitude faillit au règlement intérieur, en plus de me courir sur le haricot. Elle se défend arguant qu'elle n'a pas petit-déjeuné le matin même, alors qu'elle remonte tout juste en classe après la récréation. 

La situation m'inspire et par bienveillance, pour lui éviter un rapport qui viendrait entacher son dossier scolaire, je la mets au défi. Les épreuves de DNB blanc approchent, c'est une occasion rêvée pour improviser une révision sur les temps du discours et les temps du récit dans l'exercice de réécriture.

vendredi 1 mars 2019

Blitz Wolf de Tex Avery

"Qui craint le grand méchant loup, méchant loup, grand loup noir ?" chantent les petits cochons (chez Disney). Et Tex Avery de répondre : Certainement pas moi !

Affiche du dessin animé Blitz Wolf de Tex Avery, 1942.

lundi 25 février 2019

Ruby Bridges : The Problem we all live with de Norman Rockwell


The Problem We All Live With, Norman Rockwell, 1964.
(Illustration Look du 14 janvier 1964, pp. 22-23, Huile sur toile, 91,5/147,5 cm, Stockbridge, MA, The Norman Rockwell Museum)


Programme court Arte - A Musée Vous, A Musée Moi.

Libéré des restrictions que le Saturday Evening Post imposait à ses couvertures, et stimulé par ses amis militants de Stockbridge, Norman Rockwell inaugura ses collaborations pour le magazine Look avec cette protestation contre le racisme dans les Etats du Sud. 

Le premier tableau que Rockwell proposa pour une double page de Look est l'un de ses plus mémorables. Le personnage central – une petite écolière noire à la robe blanche immaculée marchant dans la rue d'un pas décidé – constituait un défi manifeste à sa réputation de peintre mièvre et léger. Si on peut, à première vue, penser qu'il s'agit encore d'une des mignonnes gamines ordinaires si chères à l'illustrateur, cette impression est vite démentie par le graffiti et les éclaboussures de tomates maculant le mur que longe la fillette, et par les quatre policiers qui l'encadrent devant et derrière. Il s'agit en effet de Ruby Bridges, la fillette de New Orleans qui était entrée en 1960 dans une école jusqu'alors réservée aux Blancs. Elle se rendait à l'école avec assiduité, faisant courageusement face à une violente opposition raciste.

Ruby Bridges, escortée par des U.S. Marshals, quitte l'école élémentaire William Frantz, Nouvelle Orléans, 1960, sous les protestations des ségrégationnistes. Cette photographie, prise par un employé du U.S. Département de la Justice, appartient désormais au domaine public. 

En 1964, son histoire était devenue célèbre. Robert Coles avait publié un livre sur ses dessins qui révélait les ravages de la ségrégation raciale sur les enfants afro-américains. En 1961, John Steinbeck avait rapporté, dans son dernier livre Travel with Charlie (titre français : Voyage avec Charley) les injures haineuses et cruelles qui accueillaient chaque matin la fillette, lorsqu'elle arrivait à l'école, escortée de policiers fédéraux pour la protéger de l'hostilité des manifestants racistes. En réduisant la taille de Ruby Bridges et en agrandissant celle de ses protecteurs, Rockwell dramatisait la gravité de la situation. Le blanc de ses vêtements en fait un symbole de l'innocence confrontée au fléau des préjugés raciaux américains.

The Problem We All Live With marque l'apparition, à l'âge de soixante-dix ans, d'un « nouveau » Norman Rockwell, un artiste engagé dans les problèmes moraux de son temps qui met au service d'une croisade pour la justice sociale les aspects les plus attachants de ses œuvres passées.


Barack Obama et Ruby Bridges, à la Maison Blanche, devant le tableau de Norman Rockwell.




Programme court Arte - Draw my life.


Un album jeunesse : Ruby tête haute, de Irène Cohen-Janca et Marc Daniau, Les Editions des éléphants, Paris, 2017.

© EstherProfesseur

#HIDA #Français #Anglais #Histoire #ArtsPlastiques
#analysedelimage

mardi 19 février 2019

Les végétations de Taïra.

Mardi 12 février 2019, 11h35-12h35 (M4), en salle 139.


Après consultation du résultat de DNB blanc de Français, pour la demi-classe de 3èmeE, l'ambiance de cette heure d'Aide Personnalisée devient profondément studieuse. Au programme, la méthodologie du sujet de réflexion : de l'analyse du sujet à la distinction argument/exemple, la concentration est de mise.

Taïra s'applique à participer au cours, elle hasarde parfois des réponses, sans réfléchir. La lecture enrichit une culture, ouvre des horizons : argument ou exemple ? Une chance sur deux. Je lui fais les rappels qui s'imposent : 
- si c'est de l'ordre du général, de l'abstrait, il s'agit d'un argument,
- à l'inverse, si c'est de l'ordre du particulier, si ça relève d'un cas concret, il s'agit d'un exemple, qui illustre l'argument. Comme dans les livres d'enfants, où l'illustration propose une interprétation personnelle d'un texte.

En me référant au sujet de DNB blanc, à la question : "Selon vous, est-il utile de raconter la guerre ?", tu peux soutenir l'argument : "Oui, il est utile de raconter la guerre pour en faire une critique, une dénonciation." et à titre d'exemple, tu peux recourir à ce qu'on a étudié avec Mémoires d'un rat de Pierre Chaine. Dans Mémoires d'un rat, l'auteur Pierre Chaine dénonce aussi bien la censure médiatique dès l'incipit qu'il critique le ridicule des uniformes militaires bleu horizon, qui rend les soldats plus visibles pour l'ennemi, dans l'extrait où Ferdinand est adoubé soldat de la douzième escouade de la onzième compagnie.

Ce tâtant la gorge, elle m'interrompt :
- "Madame, si on a les ganglions, ça veut dire qu'on est malade ?!
- Alors, écoute, je ne suis pas médecin, mais il me semble que les ganglions sont un signe d'infection sur...", fouillant ma mémoire d'ex-scientifique et ma propre expérience.
Un peu désarçonnée par l'incongruité de son intervention, le mot m'échappe. Je reprends en tentant un autre pont vers un texte étudié ensemble.
- "Les végétations... comme Michel Leiris. Tu te souviens du texte "Gorge coupée" ?! On les lui a arrachées."
Elle ne m'écoute plus, ses grands yeux perdus dans le vague et se massant toujours la gorge. Elle s'exclame tout à coup, interloquée : "Ça veut dire que j'ai des feuilles qui poussent dans la gorge ?!"
J'éclate de rire, tant il est difficile de résister devant sa spontanéité et naïveté.

Les amygdales. Le mot rejaillit dans mon esprit. J'explique : Les amygdales sont un amas de tissus, un organe où se logent virus et bactéries qui causent les angines, notamment. Taïra ne manque jamais de voix.



Mercredi 13 février 2019, 10h25-11h35 (M3), en salle 139.


Prenant des nouvelles de Taïra, dont je suis rassurée de constater qu'elle n'est pas malade :
- "Comment vont tes végétations ? Tu as consulté un spécialiste ?
- J'ai des graines, mais il faut attendre que ça pousse et ça va donner un sycomore."
J'acquiesce d'un signe de tête, convaincue qu'elle a perçu le contre-sens sur le mot de végétations.



© EstherProfesseur

#Français
#polysémie

samedi 16 février 2019

Matin brun, de Pavloff : une nouvelle engagée.

En guise d'introduction...

Alors emprisonné en camp de concentration, à Dachau, voici le poème écrit par Martin Niemöller en 1942 :

Quand les Nazis sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit, car je n'étais pas communiste.

Quand ils sont venus chercher les sociaux-démocrates,
Je n'ai rien dit, car je n'étais pas social-démocrate.

Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit, car je n'étais pas syndicaliste.

Quand ils sont venus chercher les Juifs,
Je n'ai rien dit, car je n'étais pas juif.

Et quand, ils sont venus me chercher.
Il ne restait plus personne pour protester.


Pour la petite histoire...
Martin Niemöller est un pasteur allemand. Entre les deux guerres, il accède à la fonction de pasteur. Au moment de la montée en puissance du pouvoir nazi, qui noyaute peu à peu l'Eglise allemande, le pasteur Martin Niemöller, pourtant partisan du régime hitlérien et ancien des Corps francs, appelle les pasteurs hostiles aux mesures antisémites à s'unir au sein d'une nouvelle organisation, le "Pfarrernotbund (de)", la "Ligue d'urgence des pasteurs", qui respecterait les principes de tolérance énoncés par la Bible et la profession de foi réformatrice. Cet appel a un grand écho : à la fin de l'année 1933, 6 000 pasteurs, soit plus d'un tiers des ecclésiastiques protestants, ont rejoint ce groupe dissident. La "Ligue d'urgence des pasteurs", soutenue par des protestants à l'étranger, adresse au synode une lettre de protestation contre les mesures d'exclusion et de persécutions prises envers les Juifs et envers les pasteurs refusant d'obéir aux nazis. Malgré les protestations, Martin Niemöller est déchu de ses fonctions de pasteur et mis prématurément en retraite au début du mois de novembre 1933. Mais la grande majorité des croyants de sa paroisse décide de lui rester fidèle, et il peut ainsi continuer à prêcher et à assumer ses fonctions pastorales. Il est arrêté en 1937 pour être envoyé en camp de concentration avant d'être transféré à Dachau en 1941.





Analyse de l'oeuvre intégrale.


L'auteur : Franck Pavloff. Spécialiste en psychologie et droits de l'enfant, Franck Pavloff est éducateur de rue et responsable d'une association de prévention de la toxicomanie et de la délinquance. Il partage ses activités entre la justice et l'écriture puisqu'il est aussi un auteur français contemporain. Il s'est fait connaître du grand public grâce à Matin brun, pour qui il a renoncé à ses droits d'auteur pour permettre une large diffusion.

Contexte d'écriture de l'oeuvre : L'auteur rédige cette nouvelle en réaction à certaines alliances politiques réalisées par le Front National, en mars 1998. La nouvelle connaît d'ailleurs un record de vente en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen passe le premier tour des Présidentielles. Ainsi, l'auteur cherche-t-il à mettre en garde contre les dangers d'un pouvoir restrictif comme le totalitarisme.

Problématique : En quoi une oeuvre romanesque peut-elle rendre compte de l'Histoire ?


Premières impressions sur :
- 1ère de couverture : Au-delà de la poésie (éditions Cheyne dédiées à la poésie) du titre Matin brun où "matin" suggère le commencement d'une chose et où "brun" (à l'instar de la couleur de la couverture qui ne donne pas envie) dénote quelque chose de sale, de terne, on peut supposer avoir affaire à une histoire sombre. De fait, la couleur brune renvoie dans un premier temps à l'idée de saleté, mais aussi historiquement, le titre fait référence aux "Chemises brunes", surnom donné aux miliciens nazis des SA. La "peste brune" était le surnom donné au nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale. Quant à la croix, elle peut renvoyer à la croix gammée, symbole de la dictature hitlérienne ou encore, au sens péjoratif, au symbole de la suppression, de ce que l'on barre. En conclusion, le titre est oxymorique et pessimiste : un jour sombre se lève.
- 4e de couverture : Elle donne un résumé en présentant les deux personnages, et ce qui cause la séparation de ces deux amis, la montée de l'Etat brun. Une question est posée : Sait-on assez où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun d'entre nous ? Autrement dit, l'auteur semble alerter la conscience du lecteur face à la mise en place insidieuse d'un Etat totalitaire et raciste, sans que personne ne réagisse, jusqu'au jour où... il est trop tard. (Parallèle avec le poème de Martin Niemöller, en guise d'introduction)

Résumé : C'est l'histoire de Charlie et du narrateur - "ni héros, ni purs salauds" -, qui se retrouvent régulièrement pour disputer parties de belote et nouvelles du front. Ils vivent leur amitié tranquillement, alors que subrepticement s'installe un ordre totalitaire, celui de l'Etat brun. Pour se préserver de toutes représailles, les deux personnages détournent les yeux par facilité et obéissent aveuglément aux lois nouvellement adoptées et de plus en plus restrictives. Après les chats, les chiens : il faut qu'ils soient bruns. Suit l'interdiction des livres, maisons d'édition et journaux qui remettent en cause les lois de l'Etat brun. Mais leur attitude de déni conduira les protagonistes à leur propre arrestation, pour avoir possédé un animal non-conforme.


1. La structure du récit.
Texte très bref, qui ne s'encombre pas avec la présentation des personnages ou du cadre spatio-temporel, ce qui lui donne un caractère universel, pour faire pénétrer le lecteur frontalement dans l'action (non conformité des chiens et chats qui ne sont pas bruns) avec un incipit "in medias res". Le passage d'un paragraphe à l'autre se fait grâce à un indicateur temporel qui précipite l'action, par ellipses, en même temps que les lois insidieusement établies se font au fur et à mesure plus restrictives. Plus on avance dans la nouvelle, plus le laps de temps écoulé entre les paragraphes est court, les paragraphes et phrases se raccourcissent, ce qui a pour effet de créer une tension dramatique qui trouve son apogée dans le suspense final : le narrateur va-t-il aussi se faire arrêter ?

"Quelques temps après..."
Interdiction du Quotidien de la ville qui contredisait les recherches et les lois prises par l'Etat brun
"Après..." Interdiction des livres ne contenant pas les mots "bruns" ou "brunes" après chien ou chat.
"Et puis hier..." Arrestation des personnes et des membres de leur famille ayant possédé un chien brun avant la promulgation de la loi
"Si tôt le matin" Qu'en sera-t-il du narrateur ?

2. La relation d'amitié.
Seulement deux personnages : Charlie, le meilleur ami, et le narrateur (en point de vue interne). Personnages ordinaires, sans description physique, aux activités ordinaires, le lecteur peut s'identifier facilement à eux et l'auteur mieux transmettre son message. On assiste à la dégradation graduelle de l'amitié des deux protagonistes. Au début, ils sont très complices. Puis, par la suite, ils n'osent plus tout se dire. Une méfiance mutuelle s'installe qui les oblige à employer le mot "brun" lorsqu'ils sont ensemble. Enfin, c'est le retour du vrai bonheur puisqu'ils ont tous deux remplacé leurs chien et chat par des animaux bruns. Cependant, la nouvelle se termine dans une indifférence mutuelle : lorsque son ami se fait arrêter, le narrateur ne s'inquiète que pour lui-même. Le seul sentiment qu'il est capable de ressentir est sa peur concernant son propre sort. L'amitié n'existe plus.

3. Le rôle de la peur.
Le narrateur est insouciant au début - sa conscience est comme endormie (les jambes allongées au soleil) -, il ne comprend pas le drame qui se joue (en parlant de son petit voisin au caniche blanc, il se rassure en disant que ce n'est pas comme si les chiens étaient interdits, il pourra en choisir un autre, bien que le choix soit limité) puis il devient de plus en plus sérieux, il est attentif à ce qu'il dit et se méfie des autres. Il y a donc une progression. Les mots "tranquille" et "sécurité" reviennent de plus en plus souvent. Plus le narrateur est en danger et plus il recherche la tranquillité et la sécurité. Pour tendre vers cet idéal inaccessible, il se soumet aux lois les plus absurdes. Le tableau se termine par "j'ai peur"... Les autres personnages se signalent par leur conformisme (où être normal signifie se couler dans le moule). Au fur et à mesure, la milice se fait plus pressante : elle est bienveillante en distribuant de l'arsenic puis elle devient répressive en arrêtant les dissidents. C'est seulement quand la porte de Charlie explose que les doutes du narrateur explose aussi : la menace est réelle et sa peur justifiée.

4. La symbolique des couleurs.
Le récit débute au soleil avec un chien noir et finit un matin brun annonçant des lendemains bien sombres. On comptabilise, au total, 30 bruns, 5 noirs, 1 marron, 2 blancs, 1 crème, 1 clair. Peu à peu, le sombre et surtout le brun envahissent la nouvelle et donc la vie des personnages. Qui l'emporte ? Le brun. En effet, au moment de l'arrestation de Charlie, "le jour n'est pas encore levé, il fait encore brun dehors" est associé à "j'ai peur". La clôture explique ainsi le titre Matin brun. La métaphore de la couleur indique qu'un nouveau jour se lève, une nouvelle ère sombre, dominée par le brun. Tout est devenu uniforme.

5. Une nouvelle engagée.
Franck Pavloff décrit l'avènement d'une dictature, dont le champ lexical est omniprésent et la mise en place des lois brunes suit la chronologie de celle des lois nazies :

Matin brun Nazisme
Les décrets scientifiques Mein Kampf, 1926
Extermination de tous les chiens et chats non bruns Restriction des libertés individuelles du 27 février 1933
Interdiction des livres et des maisons d'édition Autodafé des livres d'auteurs juifs et marxistes en mai 1933
Apparition des Bruns (nom propre) : le danger est alors identifiable Création de la Gestapo en juillet 1933
Interdiction d'avoir eu un animal non brun avant Lois de Nuremberg de 1935

A cause d'une nouvelle loi de l'Etat brun, on doit tuer les animaux qui ne sont pas bruns puisqu'ils sont devenus non conformes, au prix d'arguments scientifiques absurdes. Le journal local est ensuite interdit pour avoir critiqué les dernières mesures au profit, bien sûr, d'un journal mieux pensant. Tout s'enchaîne mécaniquement, à une vitesse folle, sans que personne ne réagisse. Cette nouvelle dénonce donc : l'eugénisme (étude des conditions favorables pour une qualité de l'espèce humaine) - les animaux bruns s'adaptent mieux donc on supprime les autres -, la censure qui supprime tous les écrits non "bruns", l'isolement de l'individu puisque toute solidarité, tout lien d'amitié est brisé par la peur pour soi-même et la méfiance. On parle de nouvelle engagée, puisque derrière le "je" du narrateur, pris entre le "on" ou "ils" des miliciens et "les" désignant les victimes (chats, chiens, journaux), l'auteur prend parti. Dans la nouvelle, il faut néanmoins attendre l'avant-dernier paragraphe pour que le narrateur exprime le regret de ne pas avoir résisté dès le départ. Malheureusement, il est trop tard comme dans le poème de Martin Niemöller, il est arrêté dans le dernier paragraphe.

Matin brun est un apologue (c'est-à-dire un récit court avec une morale, ici implicite) contre la pensée unique et ce que Pavloff appelle "les petites compromissions". Cette nouvelle a pour visée de mettre en garde contre nos petites lâchetés qui font de nous des collaborateurs implicites, juste par passivité.


En guise de prolongement... 

Sujet de rédaction : Le narrateur a ouvert aux miliciens et ils l'ont arrêté, comme Charlie. De sa cellule, le narrateur écrit une lettre à Charlie, où il lui exprime ses regrets de ne pas avoir résisté aux directives imposées par l'Etat brun, et sa lâcheté d'avoir pensé en égoïste lors de l'arrestation de son meilleur ami. Il s'interroge sur la valeur de l'amitié. L'amitié résiste-t-elle au temps et aux affres de l'Histoire ? Victime d'un système totalitaire qui a eu raison de sa liberté, ce narrateur partage sa vision de l'amitié idéale, et donc son amertume d'avoir failli à ses propres convictions. 
En une vingtaine de lignes, écrivez la lettre du narrateur de Matin brun adressée à Charlie.

Proposition de correction :
                                                
                                                                                                                                          De ma cellule de prison, un jour sous le régime de l'Etat brun,

          Charlie, 

          Oserais-je t'appeler encore "bien cher ami" alors que j'ai failli à tout ce que l'amitié fait naturellement ?

          J'ai soudoyé mon geôlier d'un paquet de cigarettes non brunes achetées au marché noir - il faut dire qu'elles sont bien meilleures - pour obtenir le droit de t'écrire. En effet, j'ai été arrêté, quelques temps après toi. Ce matin-là, quand la milice a frappé à ma porte, ils m'ont demandé si toi et moi étions amis. Il ne m'était pas difficile d'imaginer ce qu'il allait advenir de moi, parce que j'étais là lors de ton arrestation. Je n'ai pas pu mentir, j'ai acquiescé. "Pour être ami avec une personne qui a eu par le passé un animal non brun" ont-ils invoqué comme raison, avant de me passer les menottes. Même pas pour avoir eu un animal non brun ! J'en ai déduit que tes voisins t'avaient dénoncé et je suppose que l'enquête de la milice les a conduits jusqu'à moi...

          Les nouvelles sont mauvaises. A l'extérieur, la politique de l'Etat brun se durcit et j'ignore quelle sera notre fin. Il fallait que je décharge mon cœur de tout ce qui me préoccupe. Aussi, puisqu'il m'est donné cette possibilité de t'écrire, si c'était la dernière fois, je veux te dire à quel point je me sens coupable. Je t'ai trahi, non pas comme tes voisins, mais en manquant de courage. Ils étaient là, en train de te molester, et moi, j'ai feint de ne rien voir, de ne pas être concerné et je t'ai abandonné à ton sort. Je me suis défilé alors qu'il aurait fallu que je prenne parti, que je prenne ta défense... Me suis-je interposé entre les miliciens et toi ? Non, je suis resté immobile, impassible. Ai-je protesté alors qu'ils t'emmenaient ? Non, j'ai regardé silencieux, muet. Et si j'avais parlé... Et si j'avais refusé... Toutes ces lois stupides ! Je les ai acceptées, comme si elles étaient normales, alors qu'aujourd'hui, elles me semblent incompréhensibles et dangereuses. Mais, dans les fers, dorénavant, je n'ai même plus la liberté de résister... Résister. Je l'aimais mon chat, comme toi ton chien. Pourquoi avons-nous accepté de les tuer ? Est-ce qu'ils étaient responsables de la couleur de leur pelage, comme on ne choisit pas de naître blanc ou noir ? Non. Ils étaient innocents. Nous sommes coupables d'avoir cautionné cela, juste parce que nous nous sommes tus par facilité, par lâcheté...

          Comme je regrette ! En faisant passer ma propre sécurité en premier, j'ai non seulement trahi ta confiance, déshonoré ton amitié, mais encore j'y ai moi-même perdu ma liberté. Qu'y ai-je gagné ? Rien. Pire : je t'ai perdu. Il n'y a pas de plus grande faiblesse que d'être égoïste. Comment pourrais-tu accepter de me pardonner ? En fin de compte, il n'y a pas de plus grande force que de s'épauler et se soutenir quand tout s'effondre autour de soi. Rester unis pour résister. Qui sait si nous n'aurions pas été capables d'organiser la résistance à nous deux et mettre en péril l'Etat brun ? Maintenant, il est trop tard. Ce regret est comme une morsure violente dans mon cœur. Je regrette tellement tout le mal que je t'ai fait en ne m'engageant pas. Physiquement et moralement. Tu comptais sur quelqu'un, j'étais absent. Tu as enduré les coups, je me taisais. Pardonne-moi. 

          Je te salue chaleureusement.

                                                                                                                                              Ton ami, si je puis prétendre encore à ce titre. 



© EstherProfesseur

#HIDA #Français #Histoire

Le roi du peigne.

Mardi 12 février 2019, 9h25-10h20 (M2), en salle 139.


Bien alignés le long du mur, les élèves de la classe de 4èmeD entrent sagement en classe. Nous nous saluons avec enthousiasme et respect. Rebroussant chemin alors qu'il vient de franchir le seuil de la salle, Iddy me questionne : "Madame, pourquoi vous dites toujours "Bonjour Iddy !" ?" Je lui rends simplement la politesse : il a invariablement la délicatesse de me dire "Bonjour Madame Thomas !" - ni "Bonjour", ni "Bonjour Madame", un franc "Bonjour Madame Thomas !" -, le sourire bien attaché sur sa frimousse ronde, alors j'ai beaucoup d'honneur à le saluer par son prénom. Suit Dominique, que j'interpelle au passage. Il pense mieux réfléchir son peigne à la main, plutôt qu'avec un stylo ! "Tu me ranges ton peigne dans ton sac, je ne veux pas le voir !... Sinon, je te le prends et je le casse en deux, direction la poubelle !", ajouté-je avec un brin de menace, tandis que je fais asseoir la classe.

Ce n'est déjà pas la première fois que je lui fais gentiment la remarque que cet outil lui ait d'aucun secours, au collège. "Est-ce que je sors mon sèche-cheveux, mon fer à lisser et mes bigoudis de mon sac pour te faire cours, moi ?... Non !", devant la classe à témoin.

Dina se vante. "Ça m'est arrivé de l'ramener au collège, mon fer à lisser, dans mon sac !" Un peu inquiète et curieuse, je l'interroge : "Tu ne vas pas me dire que tu te refais une beauté aux toilettes !?" Elle objecte : "Non, non, y' a pas de prise dans les toilettes, d'façon !" A ma mine dubitative, elle renchérit : "Après le collège, au Prado !" Enzo s'assure que je connaisse ce qu'est le Prado. J'ai beau avoir emménagé récemment, je suis suffisamment renseignée sur leur repère. "En face du collège", ajoute-t-il. A titre d'anecdote, comme un avertissement, je relate :"Après on s'étonne d'avoir affaire à des élèves de BTS MUC, qui se peinturlurent les ongles en vert grenouille sous le nez du prof de Français !" Brouhaha au sujet de Sheryhane. A l'intention de l'élève, qui s'agite sur sa chaise, gênée, indubitablement coupable, j'adresse, avec un sourire de connivence :"En école d'esthétisme, et seulement dans ce contexte !"

Un peu laborieusement, la classe est occupée à formuler des arguments pour répondre à la question suivante : "Pourquoi faut-il lire des romans de science-fiction comme Le Passeur de Lois Lowry ?" Dina et Noura proposent un premier argument, assez spontanément : Lire des romans de science-fiction permet de développer son imagination. En guise d'exemple : Jonas vit dans un monde totalement étranger du nôtre, où les couleurs n'existent même pas. Il faut donc faire un effort d'imagination pour nous représenter Jonas évoluant dans sa communauté.

En dépit de mon avertissement, je le surprends en flagrant délit ! Mon Dominique est en train de se masser le cerveau, les dents du peigne traçant des sillons dans ses cheveux crépus. Je ne peux pas me discréditer. Je lui confisque son peigne et conformément à ce dont je l'avais prévenu, je plie le peigne en deux, qui résiste un peu. Je le glisse entre mes genoux, tout en projetant de racheter un peigne pour que ce ne soit pas au détriment de ses parents. Le peigne cède sous la pression de mes genoux, une dent s'envole dans l'air jusque devant le tableau. Quoique je sois en pleine démonstration d'autorité, un peu fébrile, je me vois déjà devoir rendre des comptes et expliquer aux parents pourquoi j'ai brisé le peigne de leur fils, en classe. Je laisse choir le peigne dans la poubelle. Pourtant, j'assume et soutiens à l'intention de Dominique que ça ne me pose aucun souci de décrocher mon téléphone pour expliquer mes agissements. Enzo confirme que j'ai eu raison d'agir ainsi, je suis rassérénée.

Dominique a la mine déconfite, sans doute un peu estomaqué par mon audace. De l'autre côté de la classe, les yeux écarquillés, la bouche de Léon fait un O derrière sa main. Aux murmures à peine feutrés, je comprends soudainement que Léon a donné ce peigne à Dominique. Égratigné dans son amour-propre, Dominique minimise l'incident en marmonnant. 

Le cours reprend. De devant le tableau, la démonstration me semblait faite : se peigner en cours de Français est une attitude inappropriée et qui ne participe pas à signaler l'intelligence de l'élève.

Dix minutes de cours se seraient-elles écoulées, que voilà mon Dominique surpris en pleine récidive. Il a de nouveau en peigne en main, qu'il vient de passer dans ses cheveux. Je l'apostrophe fermement : "Rapport ! A ce niveau-là, Dominique, c'est de la provocation à mon égard !"... Je suis dépitée.

La semaine dernière, je me targuais des progrès de l'élève en terme d'attitude, que je ne me privais pas de signaler dans le carnet de correspondance à la page "Progrès et mérite" (après vérification, non visé par les parents).

L'heure s'achève. Dominique quitte la salle sans un au revoir. Le récit bruite dans le couloir. Tout en les observant depuis le bureau, deux élèves se glissent dans ma salle et vérifient la présence du peigne cassé dans la poubelle.


Bref. Dominique s'est fait une réputation de "narcissique" auprès de ses camarades qu'il s'applique à entretenir : il employait - j'ose l'imparfait au lieu du présent - son cours de Français à discipliner son cheveu rebelle.

Mais je croyais que le roi du peigne, c'était Travolta !!??
Blow Up : Coup de peigne pour Travolta dans La Fièvre du samedi soir.


© EstherProfesseur

mardi 29 janvier 2019

Chaque enfant apprend par l'exemple.

S'il vit entouré de critiques,
il apprend à blâmer.

S'il vit entouré d'hostilité,
il apprend à être agressif.

S'il vit entouré de moquerie,
il apprend à être timide.

S'il vit entouré de honte,
il apprend à se sentir coupable.

S'il vit entouré de tolérance,
il apprend à être patient.

S'il vit entouré d'encouragement,
il apprend à agir.

S'il vit entouré d'éloges,
il apprend à complimenter.

S'il vit entouré de probité,
il apprend à être juste.

S'il vit entouré de sécurité,
il apprend à faire confiance.

S'il vit entouré d'approbation,
il apprend à accepter.

S'il vit entouré d'amitié,
il apprend à aimer la vie.

Dorothy Law Nolte



#citation #motivation

"Trait pour trait" : Black boy de Richard Wright & New Kids in the Neighborhood de Norman Rockwell

Dans une séquence titrée "Autoportrait" avec pour objet d'étude "Se raconter, se représenter", la lecture cursive de Black Boy de Richard Wright a été soumise aux élèves.

Le travail qui suit propose un pont entre un texte et une image, dans l'esprit du "Travail sur le texte et sur l'image" de l'épreuve de Français du DNB. Aussi, en répondant aux questions ci-dessous, il s’agit d’expliquer dans cet extrait de Black Boy, en quoi le poids du temps qui passe a irrémédiablement séparé le narrateur, Richard Wright, et son père ; tandis que le tableau de Norman Rockwell montre aussi une séparation dans le contexte ségrégationniste et des luttes pour les droits civiques dans les années 60 aux États-Unis.


samedi 26 janvier 2019

Après quelques temps, tu apprendras...

Après quelques temps,
Tu apprendras la différence entre tendre la main et secourir une âme.
Et tu apprendras que aimer ne signifie pas s'appuyer, et que compagnie ne signifie pas toujours sécurité.
Tu commenceras à apprendre que les baisers ne sont pas des contrats, ni des cadeaux, ni des promesses...
Tu commenceras à accepter tes échecs la tête haute, comme un adulte, et non avec la tristesse d'un enfant.
Et tu apprendras à construire aujourd'hui tes chemins, parce que le terrain de demain est incertain, et ne garantit pas la réalisation des projets, et que le futur a l'habitude de ne pas tenir ses promesses.
Après un certain temps,
Tu apprendras que le soleil brûle si tu t'y exposes trop.
Tu accepteras le fait que même les meilleurs peuvent te blesser parfois, et que tu auras à leur pardonner.
Tu apprendras que parler peut alléger les douleurs de l'âme.
Tu apprendras qu'il faut beaucoup d'années pour bâtir la confiance, et à peine quelques secondes pour la détruire, et que, toi aussi, tu pourrais faire des choses dont tu te repentiras le reste de ta vie.
Tu apprendras que les vraies amitiés continuent de grandir malgré la séparation. Et que ce qui compte, ce n'est pas ce que tu possèdes, mais qui compte dans ta vie.
Et que les bons amis sont la famille qu'il nous est permis de choisir.
Tu apprendras que nous n'avons pas à changer d'amis, si nous acceptons que nos amis changent et évoluent.
Tu expérimenteras que tu peux passer de bons moments avec ton meilleur ami en faisant n'importe quoi, ou en ne rien faisant, seulement pour le plaisir de jouir de sa compagnie.
Tu découvriras que souvent nous prenons à la légère les personnes qui nous importent le plus ; et pour cela nous devons toujours dire à ces personnes que nous les aimons, car nous ne savons jamais si c'est la dernière fois que nous les voyons...
Tu apprendras que les circonstances, et l'ambiance qui nous entoure, ont une influence sur nous, mais que nous sommes les uniques responsables de ce que nous faisons.
Tu commenceras à apprendre que nous ne devons pas nous comparer aux autres, sauf si nous désirons les imiter pour nous améliorer.
Tu découvriras qu'il te faut beaucoup de temps pour être enfin la personne que tu désires être, et que le temps est court...
Tu apprendras que si tu ne contrôles pas tes actes, eux te contrôleront.
Et qu'être souple le signifie pas être mou ou ne pas avoir de personnalité : car peu importe à quel point une situation est délicate ou complexe, il y a toujours deux manières de l'aborder.
Tu apprendras que les héros sont des personnes qui ont fait ce qu'il était nécessaire de faire, en assumant les conséquences.
Tu apprendras que la patience requiert une longue pratique.
Tu découvriras que parfois, la personne dont tu crois qu'elle te piétinera si tu tombes, est l'une des rares qui t'aidera à te relever.
Mûrir dépend davantage de ce que t'apprennent tes expériences que des années que tu as vécues.
Tu apprendras que tu tiens beaucoup plus à tes parents que tu veux bien le croire.
Tu apprendras qu'il ne faut jamais dire à un enfant que ses rêves sont des bêtises, car peu de choses sont aussi humiliantes ; et ce serait une tragédie s'il te croyait, car cela lui enlèverait l'espérance !
Tu apprendras que, lorsque tu sens de la colère et de la rage en toi, tu en as le droit, mais cela ne te donne pas le droit d'être cruel.
Tu découvriras que, simplement parce que telle personne ne t'aime pas comme tu le désires, cela ne signifie pas qu'elle ne t'aime pas autant qu'elle en est capable : car il y a des personnes qui nous aiment, mais qui ne savent pas comment nous le prouver...
Il ne suffit pas toujours d'être pardonné par les autres, parfois tu auras à apprendre à te pardonner à toi-même...
Tu apprendras que, avec la même sévérité que tu juges les autres, toi aussi tu seras jugé et parfois condamné...
Tu apprendras que, peu importe que tu aies le cœur brisé, le monde ne s'arrête pas de tourner.
Tu apprendras que le temps ne peut revenir en arrière. Tu dois cultiver ton propre jardin et décorer ton âme, au lieu d'attendre que les autres te portent des fleurs...
Alors, et alors seulement, tu sauras ce que tu peux réellement endurer ; que tu es fort, et que tu pourrais aller bien plus loin que tu le pensais quand tu t'imaginaire ne plus pouvoir avancer !
C'est que réellement, la vie n'a de valeur que si tu as la valeur de l'affronter !

William Shakespeare.


#citation #motivation

Le jour où je me suis aimé pour de vrai...


Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai compris qu'en toutes circonstances,
j'étais à la bonne place, au bon moment.
Et alors, j'ai pu me relaxer.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Estime de soi.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai pu percevoir que mon anxiété et ma souffrance émotionnelle
n'étaient rien d'autre qu'un signal
lorsque je vais à l'encontre de mes convictions.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Authenticité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai cessé de vouloir une vie différente
et j'ai commencé à voir que tout ce qui m'arrive
contribue à ma croissance personnelle.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Maturité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai commencé à percevoir l'abus
dans le fait de forcer une situation ou une personne,
dans le seul but d'obtenir ce que je veux,
sachant très bien que ni la personne ni moi-même
ne sommes prêts et que ce n'est pas le moment...
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... le Respect.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai commencé à me libérer de tout ce qui n'était pas salutaire,
personnes, situations, tout ce qui baissait mon énergie.
Au début, ma raison appelait cela de l'égoïsme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... l'Amour propre.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai cessé d'avoir peur du temps libre
et j'ai arrêté de faire de grands plans,
j'ai abandonné les méga-projets du futur.
Aujourd'hui, je fais ce qui est correct, ce que j'aime
quand cela me plaît et à mon rythme.
Aujourd'hui, je sais que cela s'appelle... la Simplicité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai cessé de chercher à avoir toujours raison,
et je me suis rendu compte de toutes les fois où je me suis trompé.
Aujourd'hui, j'ai découvert... l'Humilité.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai cessé de revivre le passé et de me préoccuper de l'avenir.
Aujourd'hui, je vis au présent, là où toute la vie se passe.
Aujourd'hui, je vis une seule journée à la fois.
Et cela s'appelle... la Plénitude.

Le jour où je me suis aimé pour de vrai,
j'ai compris que ma tête pouvait me tromper et me décevoir.
Mais si je la mets au service de mon cœur,
elle devient une alliée très précieuse !
Tout ceci, c'est... le Savoir vivre.

Kim & Allison McMillen


#citation #motivation

mercredi 23 janvier 2019

The Great Debaters : la ségrégation à travers l'étymologie.


Deuxième réalisation de l'acteur Denzel Washington, qui s'est entouré de Forest Whitaker (James Farmer Sr.), Nate Parker (Henry Lowe), Jurnee Smollett (Samantha Booke) et Denzel Whitaker (James Farmer Jr), The Great Debaters retrace l'histoire vraie du professeur Melvin B. Tolson, qui supervisa une équipe de débat au Wiley College dans une Amérique des années 30, marquée par la ségrégation raciale et les lois Jim Crow.

"D'ailleurs, ils pourront voir comme je suis magnifique et auront honte car moi aussi je suis d'Amérique" (Langston Hughes, The Weary Blues, Knopf, 1926)*


mercredi 9 janvier 2019

Alice au pays du désamour : un court-métrage lycéen contre le harcèlement scolaire

Réalisé par la classe de 2nde08 du lycée Honoré de Balzac à Mitry-Mory, alors que j'y étais affectée pour un remplacement sur l'année scolaire 2014-2015, le court-métrage intitulé Alice au pays du désamour est le résultat du travail que j'ai mené en Français et Education Civique, Juridique et Sociale (ECJS).  



Mention spéciale à l'actrice Marie BERAUD pour sa participation et à notre réalisateur (ASSED) Florian BEKAERT.

Classe Cinéma au collège René Goscinny


A l'instar de Mr DOUESNEL Michel, Professeur d'Histoire-Géographie au collège Emile Zola à Giberville, qui m'a lui-même initiée à la pratique de l'analyse de l'image mobile, j'anime une classe cinéma au collège René Goscinny (où je suis installée depuis la rentrée 2017). 

Pour le principe de cette classe cinéma, il s'agit d'initier les élèves volontaires de 3ème à l'analyse des pratiques cinématographiques et au décryptage des messages véhiculés par les images. Pour ce qui est des supports, ils sont choisis parmi des œuvres patrimoniales de l’histoire du cinéma ou de films récents par extraits, en lien avec les programmes de 3ème (Français, Histoire...) ou avec les thématiques de l'EPI « Arts et engagement ».

Les objectifs sont d'accroître la culture générale des élèves en leur donnant des méthodes d'analyse filmique, autant que de favoriser des ponts entre des films et les objets d'étude des programmes de 3ème (Français et Histoire-Géographie, notamment).

© EstherProfesseur

#OptionCinéma