Deuxième réalisation de l'acteur Denzel Washington, qui s'est entouré de Forest Whitaker (James Farmer Sr.), Nate Parker (Henry Lowe), Jurnee Smollett (Samantha Booke) et Denzel Whitaker (James Farmer Jr), The Great Debaters retrace l'histoire vraie du professeur Melvin B. Tolson, qui supervisa une équipe de débat au Wiley College dans une Amérique des années 30, marquée par la ségrégation raciale et les lois Jim Crow.
"D'ailleurs, ils pourront voir comme je suis magnifique et auront honte car moi aussi je suis d'Amérique" (Langston Hughes, The Weary Blues, Knopf, 1926)*
Outre que le film rende un bel hommage à la culture noire américaine (Gwendolyn B. Bennett, Henry Johnson et Needham Roberts - membres des Harlem Hellfighters -, W.E.B De Bois, premier Noir diplômé de Harvard ou encore le jazz...) il verse dans le cours de rhétorique. Il célèbre le pouvoir des mots sur la haine raciale, les inégalités sociales, les différences pour l'accès à l'éducation entre Noirs et Blancs, à coups de syllogismes, prémices, assertions, et de culture, écornant cette supposée suprématie blanche avec intelligence et élégance. "Débattre est un sport de combat, un sport sanguinaire, mais vos armes sont les mots" (dixit Melvin B.Tolson).
Si pour le prestige, les Great Debaters de Wiley College se rendent à Havard affronter une équipe blanche, la réalité les a opposés aux champions nationaux de l'Université de Californie du Sud. Autre compromis avec la réalité : quoiqu'ils l'aient remporté sur les tenants du titre, les Great Debaters ne furent autorisés à se dire victorieux, n'appartenant pas à la debate society (ligue de débats), dont les Afro-Américains ne furent admis qu'après la Seconde Guerre mondiale.
Dénigrer > du latin de- et niger "noir", denigrare "noircir".
En Français, ce mot a le sens de : (1) défaire la réputation de qqun en le calomniant, (2) déprécier, rabaisser qqch (par extension). De la même famille : dénigrement, dénigreur. Il a pour synonymes : médire, vilipender, discréditer et antonymes : louer, encenser, flatter.
Est-il besoin de le souligner, niger (en anglais nigger) a donné "nègre" ?... Et tandis que le mot nègre a un sens péjoratif, Aimé Césaire a fait de sa négritude une revendication culturelle forte.
Lyncher > de l'anglais to lynch "lyncher, appliquer la loi de Lynch".
Juge de l'Etat de Virginie, Charles Lynch (1736-1796), par esprit de contestation contre le régime colonial britannique (qui précéda la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis), exécuta ses défenseurs en instaurant des procès expéditifs : il réunissait le cour, recrutait les jurés et présidait à l'exécution et, si la cour devait ajourner, le prisonnier était exécuté. A l'instar de Lynch, et en dépit des lois qui les protégeaient, les Comités de Vigilance, qui donneront naissance au Ku Klux Klan, poursuivirent des Noirs, les exécutant sommairement et de façon abominable, sans forme de procès.
Corroborée par le film, la thèse qui consiste à attribuer la parentalité de ce mot à Willie Lynch, propriétaire d'esclaves des Antilles anglaises et auteur d'un discours visant à vulgariser ses méthodes d'intimidation, n'en est pas moins discutable. Ce n'est pas parce que cela sort de la bouche de Denzel Washington qu'il faut le croire sur parole ! En effet, nombre d'historiens, dont William Jelabi Cobb, mettent en doute l'authenticité de ce discours. C'est pourquoi je me garderai de le reproduire.
Il n'en demeure pas moins que le lynchage, lui, est avéré. Les noms de Jesse Washington, Lige Daniels (ci-dessous, sur la photographie), Ted Smith, Laura Nelson et son fils, Elias Clayton, Elmer Jackson, Isaac McGhie, Rubin Stacey ou encore Thomas Shipp et Abe Smith sont assez éloquents pour en révéler l'ignominie. Ces actes de barbarie ont largement inspiré écrivains (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee, Dites-leur que je suis un homme de Ernest J. Gaines...) et autres artistes, comme Billie Holiday dont l'interprétation de Strange Fruit, composé par Abel Meeropol en 1936, est restée la plus célèbre.
* Poème de Langston Hughes dans son intégralité :
Moi, aussi, je chante l'Amérique
Je suis le frère à la peau sombre.
Ils m'envoient manger à la cuisine
Quand vient du monde,
Mais je ris,
Et je mange bien,
Et je deviens fort.
Demain,
Je serai à la table
Quand viendra du monde.
Personne, alors,
N'osera me dire:
"Va manger à la cuisine."
De plus,
Ils verront comme je suis beau
Et ils auront honte.
Moi, aussi, je suis l'Amérique.
Pour voir le film en intégralité : https://www.youtube.com/watch?v=bdQPBzVGUM0
Si pour le prestige, les Great Debaters de Wiley College se rendent à Havard affronter une équipe blanche, la réalité les a opposés aux champions nationaux de l'Université de Californie du Sud. Autre compromis avec la réalité : quoiqu'ils l'aient remporté sur les tenants du titre, les Great Debaters ne furent autorisés à se dire victorieux, n'appartenant pas à la debate society (ligue de débats), dont les Afro-Américains ne furent admis qu'après la Seconde Guerre mondiale.
Dénigrer > du latin de- et niger "noir", denigrare "noircir".
En Français, ce mot a le sens de : (1) défaire la réputation de qqun en le calomniant, (2) déprécier, rabaisser qqch (par extension). De la même famille : dénigrement, dénigreur. Il a pour synonymes : médire, vilipender, discréditer et antonymes : louer, encenser, flatter.
Est-il besoin de le souligner, niger (en anglais nigger) a donné "nègre" ?... Et tandis que le mot nègre a un sens péjoratif, Aimé Césaire a fait de sa négritude une revendication culturelle forte.
Lyncher > de l'anglais to lynch "lyncher, appliquer la loi de Lynch".
Juge de l'Etat de Virginie, Charles Lynch (1736-1796), par esprit de contestation contre le régime colonial britannique (qui précéda la Guerre d'Indépendance des Etats-Unis), exécuta ses défenseurs en instaurant des procès expéditifs : il réunissait le cour, recrutait les jurés et présidait à l'exécution et, si la cour devait ajourner, le prisonnier était exécuté. A l'instar de Lynch, et en dépit des lois qui les protégeaient, les Comités de Vigilance, qui donneront naissance au Ku Klux Klan, poursuivirent des Noirs, les exécutant sommairement et de façon abominable, sans forme de procès.
Corroborée par le film, la thèse qui consiste à attribuer la parentalité de ce mot à Willie Lynch, propriétaire d'esclaves des Antilles anglaises et auteur d'un discours visant à vulgariser ses méthodes d'intimidation, n'en est pas moins discutable. Ce n'est pas parce que cela sort de la bouche de Denzel Washington qu'il faut le croire sur parole ! En effet, nombre d'historiens, dont William Jelabi Cobb, mettent en doute l'authenticité de ce discours. C'est pourquoi je me garderai de le reproduire.
Il n'en demeure pas moins que le lynchage, lui, est avéré. Les noms de Jesse Washington, Lige Daniels (ci-dessous, sur la photographie), Ted Smith, Laura Nelson et son fils, Elias Clayton, Elmer Jackson, Isaac McGhie, Rubin Stacey ou encore Thomas Shipp et Abe Smith sont assez éloquents pour en révéler l'ignominie. Ces actes de barbarie ont largement inspiré écrivains (Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee, Dites-leur que je suis un homme de Ernest J. Gaines...) et autres artistes, comme Billie Holiday dont l'interprétation de Strange Fruit, composé par Abel Meeropol en 1936, est restée la plus célèbre.
© EstherProfesseur
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#étymologie
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* Poème de Langston Hughes dans son intégralité :
Moi, aussi, je chante l'Amérique
Je suis le frère à la peau sombre.
Ils m'envoient manger à la cuisine
Quand vient du monde,
Mais je ris,
Et je mange bien,
Et je deviens fort.
Demain,
Je serai à la table
Quand viendra du monde.
Personne, alors,
N'osera me dire:
"Va manger à la cuisine."
De plus,
Ils verront comme je suis beau
Et ils auront honte.
Moi, aussi, je suis l'Amérique.
Pour voir le film en intégralité : https://www.youtube.com/watch?v=bdQPBzVGUM0
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