Dans une séquence titrée "Autoportrait" avec pour objet d'étude "Se raconter, se représenter", la lecture cursive de Black Boy de Richard Wright a été soumise aux élèves.
Le travail qui suit propose un pont entre un texte et une image, dans l'esprit du "Travail sur le texte et sur l'image" de l'épreuve de Français du DNB. Aussi, en répondant aux questions ci-dessous, il s’agit d’expliquer dans cet extrait de Black Boy, en quoi le poids du temps qui passe a irrémédiablement séparé le narrateur, Richard Wright, et son père ; tandis que le tableau de Norman Rockwell montre aussi une séparation dans le contexte ségrégationniste et des luttes pour les droits civiques dans les années 60 aux États-Unis.
Le travail qui suit propose un pont entre un texte et une image, dans l'esprit du "Travail sur le texte et sur l'image" de l'épreuve de Français du DNB. Aussi, en répondant aux questions ci-dessous, il s’agit d’expliquer dans cet extrait de Black Boy, en quoi le poids du temps qui passe a irrémédiablement séparé le narrateur, Richard Wright, et son père ; tandis que le tableau de Norman Rockwell montre aussi une séparation dans le contexte ségrégationniste et des luttes pour les droits civiques dans les années 60 aux États-Unis.
Si l'esclavage fut aboli dès 1860 aux Etats-Unis, il n'en demeure pas moins que les Noirs, notamment des Etats du Sud, subirent les lois qui les séparaient des Blancs, pendant près d'un siècle. Dans les années 50, le "Racial Awakening" impulse une résistance légitime : Ruby Bridges rentre dans une école jusque là réservée aux Blancs, Rosa Parks refuse sa place de bus à un Blanc et Martin Luther King prononce son fameux discours "I have a dream". C'est le début de la lutte pour les droits civiques ("Struggle for Civil Rights"). Il faudra néanmoins attendre 1964, après l'assassinat du Président Kennedy à Dallas, pour que son successeur Johnson signe le Civil Rights Act qui abolit la ségrégation aux Etats-Unis.
New Kids in the Neighborhood, Norman Rockwell, 1967.
(Illustration Look du 16 mai 1967 pp.52-53, Huile sur toile, 33/52.1, Stockbridge, MA, Norman Rockwell Museum)
En 1963, après avoir longtemps travaillé pour le Post, Norman Rockwell commence à illustrer des articles pour le Look Magazine et son travail prend une dimension plus politique. Comme ici, dans New Kids in the Neighborhood, Rockwell y affirme son intérêt pour la lutte en faveur des droits civiques aux Etats-Unis. Quoiqu'on lui reproche un style "overly sweet" (excessivement doux), Rockwell prétendait, lui, plutôt peintre des "vivid and affectionates portraits of our country" (des portraits vifs et pleins d'affection de notre pays). Recourant volontiers à la photographie pour limiter les temps de pose aux modèles, il appartient du mouvement artistique de l'hyperréalisme qui vise à une extrême fidélité de la réalité.
Travail sur le texte et sur l'image
Grammaire
et compétences linguistiques : /6
1.
« silhouette solitaire […]
des mottes de terre humides » (l.2 à 5)
a) A
quel personnage, cet extrait renvoie-t-il ? (1pt)
Le personnage dont il est question dans cet extrait est le père du narrateur Richard Wright.
Le personnage dont il est question dans cet extrait est le père du narrateur Richard Wright.
b) A
l’aide de 2 éléments caractéristiques, prouve que ce passage est
descriptif. (2pts)
Puisque les 2 GN « silhouette solitaire dressée sur l'argile rouge d'une plantation du Mississippi » et « métayer vêtu d'une combinaison déchirée et tenant entre ses mains noueuses aux grosses veines saillantes, une houe à laquelle adhéraient des mottes de terre humides » désignent indirectement le père sous forme de périphrases, et que ces GN sont enrichis d’adjectifs qualificatifs (« solitaire ») ou verbaux (« vêtu »), ou de CDN "aux grosses veines saillantes" (du N "mains"), on en déduit que ce passage relève de la description.
Puisque les 2 GN « silhouette solitaire dressée sur l'argile rouge d'une plantation du Mississippi » et « métayer vêtu d'une combinaison déchirée et tenant entre ses mains noueuses aux grosses veines saillantes, une houe à laquelle adhéraient des mottes de terre humides » désignent indirectement le père sous forme de périphrases, et que ces GN sont enrichis d’adjectifs qualificatifs (« solitaire ») ou verbaux (« vêtu »), ou de CDN "aux grosses veines saillantes" (du N "mains"), on en déduit que ce passage relève de la description.
2.
« Un quart de siècle […] des plans terriblement éloignés »
(l.5 à 9)
a)
Quelle est la classe grammaticale du mot « malgré » ?
(1pt)
Puisque « malgré » (en anaphore) est suivi de GN malgré [les liens du sang qui nous apparentaient], malgré [le reflet que j'apercevais de mon visage sur son visage], malgré [l'écho de ma voix que je percevais dans sa voix], ce mot appartient à la classe grammaticale invariable des prépositions.
Puisque « malgré » (en anaphore) est suivi de GN malgré [les liens du sang qui nous apparentaient], malgré [le reflet que j'apercevais de mon visage sur son visage], malgré [l'écho de ma voix que je percevais dans sa voix], ce mot appartient à la classe grammaticale invariable des prépositions.
b)
Relève le champ lexical de « l’altérité » (1,5pt)
Dans le champ lexical de « l’altérité », on peut relever les mots : « des étrangers », « différent » et « terriblement éloignés » (l.9)
Dans le champ lexical de « l’altérité », on peut relever les mots : « des étrangers », « différent » et « terriblement éloignés » (l.9)
c) A
quel autre champ lexical s’oppose-t-il ? (0,5pt)
Dans ce même passage du texte (l.7-8), s'y oppose un champ lexical de l’identité/la similitude auxquels appartiennent les mots : « les liens du sang », « apparentaient », « reflet », « de mon visage sur son visage », « l’écho », « ma voix […] sa voix ».
Dans ce même passage du texte (l.7-8), s'y oppose un champ lexical de l’identité/la similitude auxquels appartiennent les mots : « les liens du sang », « apparentaient », « reflet », « de mon visage sur son visage », « l’écho », « ma voix […] sa voix ».
Compréhension
et compétences d’interprétation : /8
3.
« un quart de siècle »
(l.1, l.5 et l.10)
a)
Quelle est la figure de style présente ici ? Explique en quoi
elle consiste. (2pts)
« Un quart de siècle » est une périphrase. Elle consiste à désigner une chose indirectement au moyen d’une de ses caractéristiques. Exp : le lion = le roi des animaux
« Un quart de siècle » est une périphrase. Elle consiste à désigner une chose indirectement au moyen d’une de ses caractéristiques. Exp : le lion = le roi des animaux
b)
De quelle autre expression présente dans le texte est-elle
l’équivalent ? (1pt)
« Un quart de siècle » équivaut à « vingt-cinq ans » (l.12)
« Un quart de siècle » équivaut à « vingt-cinq ans » (l.12)
c)
Quel effet produit-elle ? (2pts)
Cette figure de style a pour effet d’étirer le temps, et donc de rendre « l'époque où [il] avai[t] vu [son] père en compagnie de l'étrangère » plus éloignée du « moment où [il] étai[t] destiné à le revoir » (Un siècle représentant 100 ans, ça n’a pas le même effet de dire à qqun « Bon anniversaire ! Tu as 50 ans ! » et « Bon anniversaire ! Tu as un demi-siècle ! »)
Cette figure de style a pour effet d’étirer le temps, et donc de rendre « l'époque où [il] avai[t] vu [son] père en compagnie de l'étrangère » plus éloignée du « moment où [il] étai[t] destiné à le revoir » (Un siècle représentant 100 ans, ça n’a pas le même effet de dire à qqun « Bon anniversaire ! Tu as 50 ans ! » et « Bon anniversaire ! Tu as un demi-siècle ! »)
4.
« Ce jour-là […] de son corps flétri » (l.9 à 19)
a)
Relève 2 accumulations, l’une montrant le passage du temps,
l’autre ses effets sur le corps. (2pts)
L’accumulation qui montre le passage du temps est « du lent écoulement des saisons, du vent, du soleil et de la pluie » (l.17), tandis que celle qui en montre les effets sur le corps est « un sourire édenté, les cheveux blanchis, le corps voûté, les yeux embués de souvenirs lointains » (l.11-12)
L’accumulation qui montre le passage du temps est « du lent écoulement des saisons, du vent, du soleil et de la pluie » (l.17), tandis que celle qui en montre les effets sur le corps est « un sourire édenté, les cheveux blanchis, le corps voûté, les yeux embués de souvenirs lointains » (l.11-12)
b)
Commente-les. (1pt)
Ses deux accumulations traduisent aussi le caractère implacable du temps qui passe, comme par couches superposées, et insiste sur tout ce temps inscrit dans le corps du père qui sépare irrémédiablement père et fils.
Ses deux accumulations traduisent aussi le caractère implacable du temps qui passe, comme par couches superposées, et insiste sur tout ce temps inscrit dans le corps du père qui sépare irrémédiablement père et fils.
Questions
sur le tableau : /6
5)
Observe la symétrie de ce tableau et liste les points communs.
(2pts)
Outre le décor hyperréaliste, en arrière-plan, qui donne à la toile presque un caractère photographique (impression d’une scène vivante figée dans un instantané qui fait écho à la réalité du contexte historique), le tableau s’organise autour du face-à-face des deux groupes d’enfants, séparés par ce vide : à gauche, un garçon tenant un gant de baseball dans son dos et une fille dont les bras sont chargés d’un chat observent à droite, une fillette qui regarde par-dessus l’épaule de deux garçons, dont l’un a aussi un gant de baseball sous le bras et un chien à ses pieds et l’autre est vêtu d’une tenue de baseball. Autrement dit, ils ont les mêmes centres d’intérêt pour les animaux de compagnie et le baseball. Là où dans les jeux de regards entre les deux animaux et, entre le garçon noir, tête légèrement penchée sur le côté, et le garçon blanc au sweat jaune, on serait tenté d'y lire une provocation, leur tenue vestimentaire place les deux groupes d'enfants dans une certaine égalité sociale.
6) Qu’est-ce qui oppose les protagonistes ? (2pts)
Quoiqu’ils se jaugent avec une même curiosité réciproque, l’axe de symétrie (dans l’axe de la porte du camion de déménagement, légèrement en déséquilibre dans la largeur du tableau, renforcé par la démarcation du dallage dans l'allée, comme une frontière) sépare un groupe d’enfants à gauche, en minorité, de couleur de peau noire tandis que celui de droite en supériorité numérique a la peau de couleur blanche. Ce sont leurs animaux de compagnie qui viennent rétablir un certain équilibre puisque le chat est blanc tandis que le chien est brun et noir, comme un trait d'humour de la part de Norman Rockwell.
7) Lequel de ces deux groupes d'enfants emménage ? Qu'en déduis-tu du message transmis par le peintre ? (2 pts)
Le camion de déménagement d'où sort un déménageur qui décharge dans l'allée, et le fauteuil encombré en bas à gauche du tableau indiquent que ce sont les enfants à la couleur de peau noire qui emménagent. D'ailleurs, la réalité de leur nouvelle maison est seulement devinée hors du cadre. Si la curiosité enfantine est confortée, avec plus de défiance, par le voisin indiscret derrière son rideau et retranché dans sa maison, il n'y a aucune animosité ne serait-ce qu'entre les animaux qui n'ont pourtant pas la réputation d'être les meilleurs amis du monde ("être comme chien et chat"). On en déduit, dans le contexte de la ségrégation et de la lutte pour les droits civiques, que le peintre veut nous signifier que les enfants noirs sont d'autant plus chez eux, qu'ici les enfants blancs sont dans la posture de visiteurs et que leur attitude curieuse peut s'expliquer par l'envie de sympathiser et jouer ensemble au baseball.
Outre le décor hyperréaliste, en arrière-plan, qui donne à la toile presque un caractère photographique (impression d’une scène vivante figée dans un instantané qui fait écho à la réalité du contexte historique), le tableau s’organise autour du face-à-face des deux groupes d’enfants, séparés par ce vide : à gauche, un garçon tenant un gant de baseball dans son dos et une fille dont les bras sont chargés d’un chat observent à droite, une fillette qui regarde par-dessus l’épaule de deux garçons, dont l’un a aussi un gant de baseball sous le bras et un chien à ses pieds et l’autre est vêtu d’une tenue de baseball. Autrement dit, ils ont les mêmes centres d’intérêt pour les animaux de compagnie et le baseball. Là où dans les jeux de regards entre les deux animaux et, entre le garçon noir, tête légèrement penchée sur le côté, et le garçon blanc au sweat jaune, on serait tenté d'y lire une provocation, leur tenue vestimentaire place les deux groupes d'enfants dans une certaine égalité sociale.
6) Qu’est-ce qui oppose les protagonistes ? (2pts)
Quoiqu’ils se jaugent avec une même curiosité réciproque, l’axe de symétrie (dans l’axe de la porte du camion de déménagement, légèrement en déséquilibre dans la largeur du tableau, renforcé par la démarcation du dallage dans l'allée, comme une frontière) sépare un groupe d’enfants à gauche, en minorité, de couleur de peau noire tandis que celui de droite en supériorité numérique a la peau de couleur blanche. Ce sont leurs animaux de compagnie qui viennent rétablir un certain équilibre puisque le chat est blanc tandis que le chien est brun et noir, comme un trait d'humour de la part de Norman Rockwell.
7) Lequel de ces deux groupes d'enfants emménage ? Qu'en déduis-tu du message transmis par le peintre ? (2 pts)
Le camion de déménagement d'où sort un déménageur qui décharge dans l'allée, et le fauteuil encombré en bas à gauche du tableau indiquent que ce sont les enfants à la couleur de peau noire qui emménagent. D'ailleurs, la réalité de leur nouvelle maison est seulement devinée hors du cadre. Si la curiosité enfantine est confortée, avec plus de défiance, par le voisin indiscret derrière son rideau et retranché dans sa maison, il n'y a aucune animosité ne serait-ce qu'entre les animaux qui n'ont pourtant pas la réputation d'être les meilleurs amis du monde ("être comme chien et chat"). On en déduit, dans le contexte de la ségrégation et de la lutte pour les droits civiques, que le peintre veut nous signifier que les enfants noirs sont d'autant plus chez eux, qu'ici les enfants blancs sont dans la posture de visiteurs et que leur attitude curieuse peut s'expliquer par l'envie de sympathiser et jouer ensemble au baseball.
En guise de conclusion :
Ce tableau plaide pour l'intégration raciale dans les faubourgs résidentiels à majorité blanche, en invitant le spectateur à comparer les vêtements et les centres d'intérêt des deux groupes d'enfants. Qu'est-ce qui les différencie, sinon la couleur de leur peau ?
Illustrant un article sur les progrès de l'intégration raciale (notamment dans le cadre de l' "affirmative action" visant à favoriser la mixité dans les écoles, les administrations et certaines entreprises), l'enquête s'intéressait au phénomène qu'on devait plus tard appeler "The White Flight" (La Fuite des Blancs), à savoir l'exode vers les faubourgs des Américains aux préjugés racistes qui craignaient l'agitation des centres-villes dûe en partie aux manifestations pour les droits civiques. Quant à Rockwell, il pensait que les Noirs avaient autant leur place dans ces quartiers résidentiels, à en croire le regard amusé qu'il pose sur un groupe d'enfants blancs dévisageant leurs nouveaux voisins noirs, dont l'attitude et la tenue vestimentaire sont identiques à la leur. Une unique chose les sépare, la différence raciale. Néanmoins, l'espoir est permis et fait adhérer le spectateur au message politique et moral de Rockwell : dans la sérénité de ces couleurs douces, et en dépit de leur couleur de peau, leurs ressemblances réuniront les enfants. Le peintre veut croire en une évolution positive de la société.
© EstherProfesseur
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