lundi 25 février 2019

Ruby Bridges : The Problem we all live with de Norman Rockwell


The Problem We All Live With, Norman Rockwell, 1964.
(Illustration Look du 14 janvier 1964, pp. 22-23, Huile sur toile, 91,5/147,5 cm, Stockbridge, MA, The Norman Rockwell Museum)


Programme court Arte - A Musée Vous, A Musée Moi.

Libéré des restrictions que le Saturday Evening Post imposait à ses couvertures, et stimulé par ses amis militants de Stockbridge, Norman Rockwell inaugura ses collaborations pour le magazine Look avec cette protestation contre le racisme dans les Etats du Sud. 

Le premier tableau que Rockwell proposa pour une double page de Look est l'un de ses plus mémorables. Le personnage central – une petite écolière noire à la robe blanche immaculée marchant dans la rue d'un pas décidé – constituait un défi manifeste à sa réputation de peintre mièvre et léger. Si on peut, à première vue, penser qu'il s'agit encore d'une des mignonnes gamines ordinaires si chères à l'illustrateur, cette impression est vite démentie par le graffiti et les éclaboussures de tomates maculant le mur que longe la fillette, et par les quatre policiers qui l'encadrent devant et derrière. Il s'agit en effet de Ruby Bridges, la fillette de New Orleans qui était entrée en 1960 dans une école jusqu'alors réservée aux Blancs. Elle se rendait à l'école avec assiduité, faisant courageusement face à une violente opposition raciste.

Ruby Bridges, escortée par des U.S. Marshals, quitte l'école élémentaire William Frantz, Nouvelle Orléans, 1960, sous les protestations des ségrégationnistes. Cette photographie, prise par un employé du U.S. Département de la Justice, appartient désormais au domaine public. 

En 1964, son histoire était devenue célèbre. Robert Coles avait publié un livre sur ses dessins qui révélait les ravages de la ségrégation raciale sur les enfants afro-américains. En 1961, John Steinbeck avait rapporté, dans son dernier livre Travel with Charlie (titre français : Voyage avec Charley) les injures haineuses et cruelles qui accueillaient chaque matin la fillette, lorsqu'elle arrivait à l'école, escortée de policiers fédéraux pour la protéger de l'hostilité des manifestants racistes. En réduisant la taille de Ruby Bridges et en agrandissant celle de ses protecteurs, Rockwell dramatisait la gravité de la situation. Le blanc de ses vêtements en fait un symbole de l'innocence confrontée au fléau des préjugés raciaux américains.

The Problem We All Live With marque l'apparition, à l'âge de soixante-dix ans, d'un « nouveau » Norman Rockwell, un artiste engagé dans les problèmes moraux de son temps qui met au service d'une croisade pour la justice sociale les aspects les plus attachants de ses œuvres passées.


Barack Obama et Ruby Bridges, à la Maison Blanche, devant le tableau de Norman Rockwell.




Programme court Arte - Draw my life.


Un album jeunesse : Ruby tête haute, de Irène Cohen-Janca et Marc Daniau, Les Editions des éléphants, Paris, 2017.

© EstherProfesseur

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