mardi 9 juin 2020

10 juin 1944 : Oradour-Sur-Glane

Le 10 juin 1944, 642 habitants d'Oradour-Sur-Glane (à 20 kms au Nord-Ouest de Limoges), dont plus de 450 femmes et enfants (le plus jeune a 8 jours), sont massacrés par la deuxième division de la Waffen-SS, la Panzerdivision Das Reich, et leur village est réduit en cendres. Réponse belliqueuse aux harcèlements des résistants français qui retardent sa progression, alors que la division est attendue en renfort sur le front de Normandie où a eu lieu le Débarquement quelques jours auparavant, elle sème la terreur et la mort sur son passage. Il s'agit du plus grand massacre de civils commis en France par les armées allemandes.

Un village qui porte les stigmates de la barbarie nazie devenu lieu de mémoire.
Chronologie des événements à Oradour.

Rares sont les rescapés, dont Jean-Marcel Darthout, 20 ans à l'époque, décédé en 2016 et dont le témoignage est audible ici, ou Robert Hébras, 19 ans en 1944 et dernier survivant, qui s'évertue à entretenir cette mémoire fragile à préserver.



Rapporté dans l'ouvrage de Jean-Jacques Fouché (Oradour, Paris, Liana Levi, 2001, p.208), le récit de Roger Godfrin, 8 ans, seul écolier à échapper au massacre parce qu'il s'enfuit dès qu'il aperçoit les Allemands, inspire le roman jeunesse (abordable dès la 5e et à recommander à de petits lecteurs de 3e) L'Enfant d'Oradour, de Régis Delpeuch, chez Scrineo (Extrait p.123 ci-dessous).


Roman puissant autant par la force du récit que par l'aspect du témoignage historique, que vient enrichir un cahier documentaire, et qui interroge la posture du héros du point de vue de l'enfant

- Et aujourd'hui, 17 août 1945, est un jour encore plus beau que les autres jours depuis la fin de la guerre. Aujourd'hui, le jeune héros d'Oradour-sur-Glane est revenu en Moselle ! 
A ces mots, et alors qu'un tonnerre d'applaudissements éclate, Roger se tourne vers son oncle, le cœur serré, le visage crispé, retenant ses larmes tant bien que mal.
- Qu'est-ce qui ne va pas, mon gars ? C'est gentil ce qu'elle a dit.
- Peut-être, tonton. Mais ce n'est pas vrai : je ne suis pas un héros. Je n'ai pas choisi d'être le gosse orphelin de Charly ni le petit rouquin rescapé d'Oradour-sur-Glane, comme on m'appelait là-bas ! Je préférerais que personne ne me connaisse ni à Limoges ni ici, mais que mes parents, mes sœurs et mon petit frère soient encore vivants.


Pour aller plus loin :

Oradour n'a plus de femmes
Oradour n'a plus un homme
Oradour n'a plus de feuilles
Oradour n'a plus de pierres
Oradour n'a plus d'église
Oradour n'a plus d'enfants.

Plus de fumée plus de rires
Plus de toits plus de greniers
Plus de meules plus d'amour
Plus de vin plus de chansons.

Oradour, j'ai peur d'entendre
Oradour, je n'ose pas
Approcher de tes blessures
De ton sang de tes ruines,
Je ne peux je ne peux pas
Voir ni entendre ton nom.

Oradour je crie et hurle
Chaque fois qu'un cœur éclate
Sous les coups des assassins
Une tête épouvantée
Deux yeux larges deux yeux rouges
Deux yeux graves deux yeux grands
Comme la nuit la folie
Deux yeux de petit enfant :
Ils ne me quitteront pas.



Oradour je n'ose plus
Lire ou prononcer ton nom.

Oradour honte des hommes

Oradour honte éternelle
Nos cœurs ne s'apaiseront
Que par le pire vengeance
Haine et honte pour toujours.

Oradour n'a plus de forme
Oradour, femmes ni hommes
Oradour n'a plus d'enfants
Oradour n'a plus de feuilles
Oradour n'a plus d'église
Plus de fumées plus de filles
Plus de soirs ni de matins
Plus de pleurs ni de chansons.

Oradour n'est plus qu'un cri
Et c'est bien la pire offense
Au village qui vivait
Et c'est bien la pire honte
Que de n'être plus qu'un cri, 
Nom de la haine des hommes
Nom de la honte des hommes
Le nom de notre vengeance
Qu'à travers toutes nos terres
On écoute en frissonnant,
Une bouche sans personne,
Qui hurle pour tous les temps.
 Jean Tardieu, "Oradour" (écrit en 1944), Les Dieux étouffés, 1946.


Out of Time, Captain America (2005), Scénario : Ed Brubaker, Dessin : Steve Epting, MARVEL. (ISBN : 978-2-8094-8145-7, p.157)

Drame franco-allemand de Robert Enrico, Le Vieux Fusil est sorti en salles en 1975 et a remporté trois prix à la cérémonie des Césars de 1976, avant d'être auréolé du César des césars en 1985. Il raconte la vengeance froide et méthodique d'un médecin, Julien Dandieu incarné par Philippe Noiret, engagé auprès des Résistants, dont la femme, jouée par Romy Schneider, et la fille ont été sauvagement assassinées au passage d'un escadron de soldats SS dans le château familial où elles s'étaient réfugiées, en pleine campagne. Ce film de justice expéditive (rape and revenge) ne laisse pas indemne face à la violence implacable de certaines scènes, dont celle où l'aimée est brûlée vive au lance-flammes ou celle de la découverte du massacre des villageois regroupés dans l'église puisque le scénario est fortement inspiré des événements d'Oradour-sur-Glane. 


© EstherProfesseur

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1 commentaire:

  1. https://www.lepopulaire.fr/oradour-sur-glane-87520/actualites/des-photos-prises-plusieurs-jours-apres-le-massacre-d-oradour-sur-glane-retrouvees-dans-un-grenier_13621056/

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