mardi 9 juin 2020

Fumer comme un pompier

Un idiotisme, ou expression idiomatique, est une locution caractéristique d'une langue, qui porte du sens prise globalement, et non mot par mot. Qu'il s'agisse d'une construction grammaticale ou d'une "métaphore morte, qui [a] perdu au fil du temps, par un processus de glissement, [son] sens contextuel et originaire" (dixit Stéphanie Caillies, dans Descriptions de 300 expressions idiomatiques), elle est généralement intraduisible mot à mot, mais peut avoir un équivalent propre dans une autre langue. 

Par exemple, si l'expression cette enfant mène ses parents par le bout du nez (au sens de "elle en fait ce qu'elle veut") n'a aucun sens traduit littéralement, à l'expression il pleut des cordes en français, l'anglais formule "it's raining cats dans dogs" (littéralement : il pleut des chats et des chiens).



D'une personne qui fume cigarette sur cigarette, on dit qu'elle fume comme un pompier. Par amalgame, on pense faussement que les pompiers se sont faits la réputation de fumer excessivement, alors que c'est à eux que l'on doit cette expression...




A une époque où les vêtements ignifugés n'existaient pas, les pompiers enduisaient leur cuir de graisse, qu'ils aspergeaient d'eau pour se protéger avant de combattre le feu. Sous l'effet de la chaleur, l'eau s'évaporait répandant autour du sapeur un nuage de fumée (vapeur d'eau). Donc le pompier fume, malgré lui et dans l'exercice de ses fonctions.

Le Jargon du Pompier, écrit par Alain Bailloux et illustré par Drakkar, nous confirme que c'est effectivement l'explication la plus communément admise mais ça n'est pas la seule. Et pour en savoir davantage, notamment à l'intention des aspirants pompiers ou JSP, je ne peux guère faire mieux que de vous encourager à cette lecture passionnante des mots du pompier répertoriés par un pompier, sous-titrée à dessein "Des mots, des histoires, des pomplards".


Pour aller plus loin :

Oui, ce monde est bien plat ; quant à l'autre, sornettes.
Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,
Et pour tuer le temps, en attendant la mort,
Je fume au nez des dieux de fines cigarettes.

Allez, vivants, luttez, pauvres futurs squelettes,
Moi, le méandre bleu qui vers le ciel se tord,
Me plonge en une extase infinie et m'endort
Comme aux parfums mourants de mille cassolettes.

Et j'entre au paradis, fleuri de rêves clairs,
Où l'on voit se mêler en valses fantastiques
Des éléphants en rut à des chœurs de moustiques.

Et puis, quand je m'éveille en songeant à mes vers,
Je contemple, le cœur plein d'une douce joie,
Mon cher pouce rôti comme une cuisse d'oie.

Jules Laforgue, "La Cigarette", Le Sanglot de la terre, 1880.


© EstherProfesseur

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#vocabulaire #expression idiomatique #prévention #ParcoursAvenir
Ne fumez pas, c'est très mauvais pour la santé !

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