dimanche 7 juin 2020

Une chose pour une autre.

C'est la définition du quiproquo ! 

Héritée du latin médiéval, cette expression est formée à partir de qui(d) + pro + quo, c'est-à-dire,
- qui(d), pronom latin qui a le sens de "quelque chose" ou "quelqu'un"
- la préposition pro qui signifie "pour" (qu'on retrouve dans pro-nom)
- et de nouveau le pronom de la syllabe liminaire sous sa forme ablatif.


Si, selon son étymologie, le quiproquo consiste à prendre quelque chose pour quelque chose (d'autre) ou quelqu'un pour quelqu'un (d'autre), il désigne plus couramment une méprise qui fait prendre une chose, un propos ou une personne pour autre chose que ce qu'elle n'est. Par exemple, c'est Harpagon, l'Avare de Molière, qui interroge son fils Cléante au sujet de Marianne, lequel amoureux ne tarit pas d'éloges pour la convoitée en pensant que son père envisage de les marier l'un à l'autre alors que le père manœuvre pour son propre compte. Ou, dans le Jeu de l'Amour et du Hasard de Marivaux, où par mariage arrangé entre deux pères, Dorante, qui doit épouser Silvia, imagine l'observer sous le déguisement de son valet Arlequin tandis que ce dernier joue au maître. Sauf que pour se prémunir des mêmes déconvenues, Silvia emprunte à Lisette, sa tenue de soubrette, à qui elle fait jouer son rôle pour mieux connaître l'époux promis. Comble du hasard, les deux valets tombent éperdument amoureux, sans que leur véritable identité soit révélée, de sorte que Arlequin déguisé en Dorante s'éprend de celle qu'il pense être Silvia, promise à son maître, qui n'est autre que Lisette, qui se fourvoie elle-même pensant être amoureuse de Dorante, qui doit épouser sa maîtresse, alors qu'il ne s'agit que d'Arlequin. En dépit des imbroglios liés au stratagème du double déguisement, voué à tester la vérité de l'amour, chacun trouve, par hasard, l'amour auprès de celui ou celle que le rang social lui destinait. 


Maman Noël, de Ryan T.Higgins, chez Albin Michel Jeunesse. 


A retenir : Au théâtre, 4 ressorts fondent le comique.
     
Comique de situation Il résulte du décalage entre ce qui a lieu et ce qui était attendu ou entre ce que savent respectivement les personnages et le spectateur. Effets de surprise : coups de théâtre, quiproquos...
Situations absurdes : cachettes, déguisements...
Répétitions de situations.
Comique de caractère Il vise à tourner en dérision les défauts, singularités ou manies d'un personnage. Caricatures de traits physiques ou moraux visant à dénoncer le ridicule du comportement, des pensées ou du tempérament des hommes.
Comique de mots Le langage est l'objet de jeux. Jeu sur les niveaux de langue : le langage grossier, pour choquer la bienséance, le patois ou des fautes de syntaxe face à un interlocuteur d'un rang social élevé, un niveau de langue tellement soutenu qu'il en devient exagéré, un accent ridicule...
Propos décalés : absurdités, lapsus, paradoxes, mensonges, contrevérités...
Inventions langagières : jeux de mots, néologismes, contrepèteries...
Procédés d'insistance : répétitions, hyperboles...
Comique de gestes Issu de la farce, il repose sur le visuel. Chutes, gifles, coups de pied, bastonnades, mimiques, grimaces, pirouettes, etc, qui peuvent se répéter mécaniquement et/ou de manière exagérée.

© EstherProfesseur

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